Quand votre enfant n’est plus connecté à l’école


Depuis presque deux (2) mois, les élèves haïtiens n’arrivent pas encore à gagner leurs salles de classe. Le climat de peur et d’insécurité qui règne dans le pays, empêche une vraie rentrée scolaire. Dans ces circonstances, les enfants sont obligés de rester à la maison. Certains essaient de garder au vif  l’esprit de leur progéniture  au moyen des travaux scolaires à domicile. Mais d’autres parents donnent libre cours à leurs enfants. Dans ce cas, qu’est-ce qui peut bien arriver à ces enfants sur le plan intellectuel ?



Que diriez-vous d’une petite leçon sur le fonctionnement de la mémoire de votre enfant ? Tout d’abord, il faut faire une petite rectification, il n’existe pas qu’une Mémoire chez l’être humain. Sommairement, nous pouvons en distinguer trois (3) : la Mémoire Sensorielle, la Mémoire à Court Terme (MCT) et la Mémoire à Long Terme (MLT). Elles sont connectés mais en ayant des fonctions différentes. Vous devez savoir que toutes les notions apprises à l’école (par exemple) sont d’abord stockées dans la mémoire à court terme puis, après des répétitions ou maitrises de ces connaissances, elles sont entreposées dans la Mémoire à Long Terme.  Cette dernière s’avère être  l’endroit où votre enfant (humain en général) peut emmagasiner ses  acquis en vue d’un usage dans le futur. Elle constitue le dernier rempart de sa capacité mnésique. Et l’information est sauvegardée indéfiniment  et sans aucun risque de saturation (Klatzky, 1984). Pour que votre enfant puisse se rappeler facilement de l’information, elle doit être bien rangée. De cette façon, le processus de récupération de l’information se mettra en branle sans trop de difficulté. Jusqu’à ce que cette information soit disponible à la Mémoire à Court Terme. À ce moment là, son utilisation devient possible. Mais la mémoire a bien un revers ! 



  Comme vous le savez aussi bien que moi, ce revers est bien l’oubli. Chez  votre enfant (chez n’importe qui d’autre d’ailleurs), l’oubli s’instaure infailliblement s’il ne continue pas d’apprendre régulièrement. Donc au bout de quatre (4) ou cinq (5) mois de vacances, une défaillance s’installe peu à peu. Alors certaines connaissances de votre enfant resteront coincées dans la mémoire à long terme à cause des interférences – une information empêche le stockage ou la récupération d’une autre information – ce qui rend certaines notions apprises inaccessibles à la mémoire à court terme (Waugh et Norman, 1965). C’est donc dans cette dernière que l’information devient opérationnelle, c’est-à-dire elle est prête pour son traitement. Dans ce cas, seul un réapprentissage arrive à démêler ces informations bloquées.   



En plus de cette réalité au niveau de la mémoire, l’inertie intellectuelle de votre enfant peut entraver certaines habilités intellectuelles comme la lecture et l’écriture. Selon des chercheurs en neurosciences, les fonctions cognitives sont assurées par des réseaux neuronaux bien spécifiques. Prenons l’exemple de l’articulation du langage de votre enfant, elle est assurée par une aire cérébrale appelée « Aire de Broca ». Mais d’autres capacités cognitives comme la lecture sont très fragiles chez les jeunes enfants. Et la partie du cortex visuel responsable de cette faculté a été restauré par ce que Stanislas Dehaene appelle « recyclage neuronal ». Et ce processus est lent et dure des années, ce qui rend l’apprentissage de la lecture aussi difficile. Lorsque ces réseaux neuronaux ne s’activent pas pendant une longue durée, les fonctions cognitives correspondant à ces réseaux vont régresser au fur et à mesure. En l’occurrence, la capacité intellectuelle de votre enfant diminue. Dans certaines circonstances dans la vie, lorsqu’on n’avance pas, on recule.



 « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »
De Albert Einstein  


  Au terme de ce que nous venons de relater, nous devons vous informer que cette réalité varie d’un élève à l’autre. Tout dépend de sa capacité de rétention des informations apprises à l’école et aussi de son niveau de compréhension de ces notions. Un autre facteur peut aussi influencer ce phénomène, c’est le nombre d’années de scolarisation de celui-ci. C’est-à-dire  les élèves qui sont dans les premières années du primaire sont les plus vulnérables. Cela peut s’expliquer par leur manque de maturité intellectuelle. Sans un éveil constant, ces enfants risquent de tout oublier. Alors, pour ne pas hypothéquer l’avenir de votre enfant, il est un impératif de trouver un moyen d’encadrer votre enfant sur le plan intellectuel (comme sollicité l’aide d’un-e répétiteur-trice) durant la période de crise dans notre pays. N’OUBLIEZ JAMAIS CECI : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » ! (Nelson Mandela) 

Par Jean Rico PAUL

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Meilleure astuce pour appliquer vos bonnes résolutions

Et si le cerveau déteste les changements d’heure ?

L'importance de l'art dramatique dans la psychologie